La vengeance de la pelouse




































LA VENGEANCE
DE LA PELOUSE
(1962/1970)

Richard Brautigan
titre original : Revenge of the Lawn
Couverture 10.18

Je suis habité ce soir par des sentiments pour lesquels il n'y a pas de mots, et des faits qu'il faudrait expliquer en termes de poussières plutôt qu'en paroles.

J'ai examiné des petits bouts de mon enfance. Ce sont des morceaux d'une vie lointaine qui n'ont ni forme ni sens. Des choses qui se sont produites comme des poussières.

Richard Brautigan

Voici un recueil de nouvelles très courtes, des "short stories", en moyenne d'une page et demi. Quelques-unes ne comptent pas plus de quatre ou cinq lignes. Elles sont aussi brèves que de petits poèmes. Chacune est un pur condensé de nostalgie des petits bonheurs de l'enfance, chacune exprime à la fois tristesse, même amertume, et tendresse, ironie légéreté, et étrangeté.

Ici, les petits garçons se risquent, dans la délicieuse excitation de la peur, à pénétrer la maison d'une "sorcière". Ils détruisent en pleine guerre plusieurs centaines de tanks et d'avions ennemis. Ou encore, ils partent à la chasse aux daims sous la pluie avec des bonbons plein les poches :

Je suis descendu entre les arbres en essayant de lever un daim dans les fourrés secs, mais ça n'avait pas vraiment d'importance que j'en voie un ou non. Ce que je voulais, c'était être le chasseur aux aguets. La seule pensée qu'il pouvait y avoir des daims était aussi agréable que s'ils avaient été là pour de bon. Rien ne bougeait dans les fourrés. Je n'ai pas vu trace de daim, ni d'oiseau, ni de lapin, ni rien. Parfois, je restais simplement immobile. La pluie dégouttait des arbres. Il n'y avait trace que de moi-même, seul ; alors j'ai mangé un carambar.

Ici, les oies tombent en sommeil éthylique, et se réveillent plumées par les mains d'une grand-mère experte. Ici, une série d'anciennes petites amies indifférentes vous laissent vous préparer un café soluble sur un coin de table de cuisine, alors que vous êtes venu chercher un peu plus de chaleur, ici, la dactylo d'un illustre écrivain émet en frappant son clavier des sons dignes d'un chant religieux,

Ici, un père raconte une histoire toute simple à une petite fille émerveillée, qui se bottit dans les couvertures, comme si c'était des nuages qu'elle pourrait arranger à son gré...

 

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