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TOTAL KHEOPS
Jean-Claude Izzo
Série Noire, Gallimard
L'avis de Raymond :
Hier matin, j'ai refermé un
bouquin en disant à mes deux filles "MA-GNI-FI-QUE, lisez vite ce livre, c'est le
meilleur que j'ai lu cette année". Il s'agissait de... Total Kheops !! J''ai
adoré ce bouquin. Il y a Marseille et sa population métissée, cette écriture
respectueuse et même amoureuse des marseillais; une histoire vraiment bien ficelée... Et
il y a ce héros qui me touche beaucoup : ce petit flic, pas prétentieux, pas sûr
de lui, qui aime la bonne cuisine, simple et authentique, qui fait un bon amant mais pense
qu'il ferait un mauvais mari et qui a un rapport extraordinaire avec les femmes (et
il y en a pas mal dans sa vie) : il est vraiment très attachant. Et même si le happy-end
semble un peu artificiel, on lui souhaite vraiment beaucoup de bonheur avec Lole, son
amour de toujours.
L'avis de Jean-Christophe :
Moi aussi, le bouquin m'a poursuivi
plusieurs jours après l'avoir refermé. Le personnage de Montale, véritable hémophile
sentimental est extrêmement attachant, c'est un looser magnifique et lumineux. Izzo
capture les atmosphères (les apéritifs, les repas, leur préparation, la pêche dans les
calanques, les retrouvailles avec sa belle amoureuse, les amitiés perdues). Il plane sur
ce livre un sentiment de fraternité qui emporte le lecteur et lui donne envie en même
temps de filer vers le sud. Il est beaucoup question de jazz dans cette histoire mais
spontanément la musique qui me vient en tête est la Saudade et principalement C. Evoria.
Douceur et douleur. Pas étonnant que le morceau de jazz préféré de Izzo était Naïma
de Coltrane: morceau d'une simplicité absolue, langoureux, mélancolique, dédié à sa
femme Naïma. Les seules réserves que je ferais concerne les procédés d'Izzo que je
trouve de temps en temps un peu... manichéens . Pour être plus précis, il cède parfois
à un sentimentalisme un peu appuyé qui me met mal à l'aise (je me souviens de certains
moments où je tiquais à la lecture). Harrison au contraire qui est un grand sentimental,
ne cède jamais à cette tentation. Les meilleurs passages sont ceux où on lit entre les
mots. Hormis cette réserve (toute petite), on ressent une telle affection pour les
personnages, une telle générosité, il émane de ce bouquin une telle sincérité que
les réserves sont balayées au passage. Après l'avoir terminé on traîne une douce
mélancolie. J'ai trimballé ce bouquin dans ma tête un bon petit bout de temps.
L'avis de Caroline :
Total Kheops, c'est une véritable enquête
policière (avec mafia marseillaise, flic désabusé, copains d'enfance assassinés,
vengeance terrible...). Tout cela se vit dans une ambiance emplie de nostalgie, d'une
humanité immense, de tendresse, et de douleur en même temps. C'est bien-sûr un hymne à
la ville de Marseille, et au Sud, au sens large. Avec juste une semaine de recul, j'en
suis encore "sur les genoux"... parce que l'histoire de Fabio Montale est
vraiment très forte. A part amour et nostalgie pour le Sud, on trouvera dans ce roman un
grand amour de la poésie, du blues et du jazz, de la cuisine marseillaise, et des femmes
!
Extrait de l'article
de Stéphane Baquey dans la revue PRETEXTE

Montale atteint un âge, à
l'approche de la cinquantaine, où désormais le sentiment de l'irréparable s'intensifie.
Cette situation l'entraîne à se plonger dans l'horreur envahissante, à s'y confronter.
A la fois, pour ne pas y être totalement englouti, lui, le survivant, poussé par une
fascination pour tout ce qui l'écoeure, cherche à en savoir toujours davantage. Cette
quête répétée constitue l'armature des deux livres d'Izzo (Total Chéops et Chourmo)
qui suivent une même progression en crescendo dans la monstruosité. Les victimes sont
ces enfants adoptifs de Marseille, dont Montale se sent solidaire, par-delà son rôle de
flic qu'il abandonne bientôt. Au fil des pages, ces affaires se nouent entre elles au
sein d'une même nébuleuse, la violence envahissant des pans de plus en plus vastes du
réel, jusqu'à l'explotion finale.
Lien avec la très
bonne page consacrée à Jean-Claude Izzo sur le site AUTHOLOGIES :
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