Ne meurs pas o mon désert



































Ne meurs pas, ô mon désert

d'Edward Abbey

Une lecture de Jean-Marc

Dans sa biographie de Jim Harrison, son traducteur officiel, Brice Matthieussent dit : "On pourrait dire (....) que l'Arizona est à Abbey ce que le Michigan est pour J.H. : leur oeuvre et leur vie s'y enracinent et tous les deux dénoncent la violence faite à leur terre d'élection".

Dans Entre chien et loup J.H. parle de celui que l'on surnomme "Cactus Ed" ou  encore "le Thoreau de l'Ouest américain" : " Je crois que c'est Edward Abbey qui a créé l'expression de " conscience cow-boy" pour détruire un ensemble de convictions aujourd'hui encore partagées par beaucoup d'Américains." Pour cette conscience "cow-boy", la nature serait un réservoir inépuisable offert à l'homme pour qu'il y puise librement : ainsi peut-il piller, détuire et massacrer à sa guise, sans jamais douter de son bon droit.

Brice matthieussent ajoute  : " Chacun à sa manière, Edward Abbey et J.H. s'opposent violemment à cette inconscience  de prédateur qui imprègne la mentalité américaine depuis l'origine même des États-Unis." (voir pages 42 et suivantes dans le livre de B. Matthieussent aux Editions Christian Bourgois)


Quand " Ne meurs pas ô mon désert " (ce livre culte aujourd'hui)  paru aux USA en 1975 un critique célèbre s'exclama "A vous donner envie d'aller faire sauter un barrage !" (référence au livre de J.Harrison : "Un bon jour pour mourir".

E. Abbey est l'auteur d'une vingtaine de romans, il décède en 1985. Ne ratez pas ce livre.....les auteurs que nous aimons l'ont tous lu !

 
Jean-Marc Gomis

Extrait de "Désert solitaire"
               "Ce livre n'est pas un guide de voyage, mais une élégie. Un mémorial. Vous tenez entre vos mains une pierre tombale. Un rocher sanglant. Ne le laissez pas tomber sur votre pied. Jetez-le sur quelque chose de gros et qui a des vitres. Qu'est-ce que vous risquez ?"

E. Abbey

Edward Abbey par J. W. Dykinga

<<...Le fleuve continue tranquillement à nous emporter. Le canyon se remplit d'ombre et de fraîcheur. Le ciel devient d'un bleu plus profond et plus sombre lorsque le soleil finit de briller sur les dômes, les clochetons et les dos d'éléphant du grès Navajo, au-dessus des Wingate Cliffs. Nous commençons à penser au repas et à chercher un campement pour la nuit.
Apercevant une plage de sable blanc, adossée à une bordure de jeunes saules verts, nous sortons nos avirons et pagayons vigoureusement dans sa direction, à travers le courant. (...) Lorsque nous sommes près de la plage, je saute et marche dans l'eau jusqu'à la rive en traînant les deux canots sur le sable. Nous les attachons à un bouquet de saules, déposons notre chargement et nous préparons à camper. Mon sac de couchage est un peu mouillé, mais tout le reste, bien enveloppé dans de la toile goudronnée, est sec ; à l'heure du dîner, notre plaisir et notre satisfaction sont aussi grands que notre appétit.

C'est une ravissante soirée, calme et généreuse. Nous faisons un petit feu de bois mort (du bois de saule) et nous nous concilions les dieux du fleuve et du canyon avec un encens de fumée de bois, offrande qui plaît à ces êtres impalpables ; quant à nous, adorateurs de choses moins élevées, nous faisons frire et mangeons nos haricots, notre corned beef et nos œufs bien réels.

Lire quelques extraits supplémentaires sur le site de Paul Malvaux :

"Littérature, voyages, et spiritualité"