Mon chien Stupide




































Mon chien Stupide

John Fante
Edité chez Christian Bourgois

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Mon chien Stupide m'attendait sur une étagère. Oh.... il n'était pas bien gros, juste la taille de ces petits livres : 10 cm par 18 cm.

A l'intérieur de ce petit livre, j'ai trouvé un chien énorme à tête d'ours (70 kg tout mouillé), l'air débonnaire... Cette créature fait irruption dans une famille californienne, à-peu-près celle de l'auteur lui-même, John Fante. Le narrateur a 55 ans, est lui aussi scénariste et romancier, marié à une femme parfois excédée, et père de quatre grands enfants ingrats et infects, et surtout incompréhensibles.

 

Le bon gros chien Stupide va se faire une réputation de " chien-pédé ", car il cherche à sodomiser tout mâle à l'horizon (quadrupède canin ou bipède viril en jeans)... Les scènes grotesques et drôles sont nombreuses ! Ce chien fait vraiment penser aux chiens de Jim Harrison. Quand il pleut, il sort sa truffe dehors. Pas pour flairer l'odeur de la terre mouillée ni pour hydrater son poil, ni pour prendre l'air, ni pour pisser trois gouttes avant de rentrer dormir au chaud. Non, pas du tout. En fait, il adore dormir sous la pluie, tel un gros ours recroquevillé sur la pelouse, le museau enfoncé dans l'herbe. D'ailleurs, quand la femme du narrateur le trouve le premier soir sur sa pelouse, elle pense d'abord que c'est un ours.

Il y a une chose terrible dans la cour.
Quoi ?

Dieu seul le sait.

(...)

Je crois que c'est un ours.

Où ?

Sur la pelouse. Sous la fenêtre de la cuisine.

C'est peut-être un des gosses.

Avec de la fourrure ?

Quel genre de fourrure ?

De la fourrure d'ours.

Il est peut-être mort.

Ca respire.

Avec sa silhouette pataude et son côté très incorrect, il arrive "comme un chien dans un jeu de quilles" dans cette banlieue de Los Angeles plutôt snob et proprette... Ce chien dynamite aussi les relations dans la famille. Ses sales manières tapent sur les nerfs d'Harriet, la mère, qui menace de faire ses valises (c'est le chien ou moi !!). Il excède aussi Tina, la fille, qui plaide en paillant pour l'euthanasie de ce chien aux mœeurs dépravées. Denny, l'un des trois fils, finit par se faire mordre parce qu'il a battu le chien... Cela occasionne une scène de règlements de compte entre le père et le fils, chacun vidant son sac...

Quant au narrateur, il se dit qu'il n'a plus guère d'énergie ni pour essayer de récupérer sa femme, ni pour réécrire le dernier roman sur lequel il s'acharne : "Vingt-cinq ans plus tôt, j'aurais saisi à deux mains cette pile de feuilles jaunies, et l'aurais courageusement déchirée. Là, je n'avais plus assez de cran ni, plus prosaïquement, de force dans les mains". Stupide, avec ses drôles d'habitudes sexuelles, sa carrure d'athlète, sa force d'hercule, et le bienfait de sa compagnie placide et compréhensive, est un baume sur le cœur fatigué du narrateur : Il est à la fois la victoire, les livres pas écrits, les endroits que je n'avais pas encore vus, les femmes qui me faisaient envie ... il apaiserait la douleur, panserait les blessures de mes journées interminables, de mon enfance pauvre, de ma jeunesse désespérée, de mon avenir compromis.

Jusqu'à ce que le chien disparaisse comme il était apparu, et que finalement, partir à sa recherche devienne une évidence.Comme le dit la 4e de couverture du livre, lisez l’histoire du chien Stupide, vous en sortirez vous aussi revigoré !


Sur le site Christian Bourgois, découvrir
ces deux nouvelles de John Fante :

Mon voyage à Paris (extrait de Grosse faim)
L'affaire de l'écrivain hanté (extrait de Grosse faim)

Découvrir John Fante sur le site de Yoan Aubry :
Beat, Whisky et Poésie
-biographie, bibliographie, et photographie


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