Le faucon va mourir



































LE FAUCON VA MOURIR
Couverture SERIE NOIRE
Harry Crews
Série Noire, Gallimard, N° 2584

une suggestion de lecture de Jean-Christophe
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J'ai entamé Le Faucon va mourir hier soir. Le père Harry, question tronche taillé à la hache, il donne pas sa part au chat. Harry Crews écrit des tragédies. Ses personnages sont seuls, souvent renfermés, hantés par un démon intérieur, durs au mal, accablés par un destin qui finira par avoir leur peau et marqués du sceau de l'anormalité. Ils ont l'intime conviction d'avoir été abandonnés par Dieu ou au contraire bénis. Il n'est pas un seul livre qui ne comporte un freak ou un type étrange, en proie à une obsession. Dans ses histoires, toujours un aspect grotesque : on flirte avec Jérôme Bosch. Souvent une pointe d'humour vient relever le récit comme un piment rouge qui arrache les tripes. Crews écrit à l'os, sans gras ni décoration.

C'est un écrivain du Sud profond, "l'écrivain des damnés". La foire aux serpents, Le Chanteur de gospel datent des années 70. Ils sont noirissimes (Série noire). Body (chez Folio) a quelques années, et chose rare chez Harry Crews, il met en scène une femme. Le roi du KO (Série Noire) plus récent, est à mon avis un peu moins réussi peut-être parce que moins sombre. Ça reste de toute façon un excellent livre. L'autobiographie de Crews, Des mules et des hommes (La Noire) est aussi en un sens une série noire.D'ailleurs en le lisant on pense à Faulkner (Tandis que j'agonise).

Jean-Christophe.

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Des personnages, bien que largués, allumés, ou carrément à la limite du sordide, qui gardent ce qu'il faut d'humanité pour qu'on les trouve attachants, parce que de temps en temps, l'histoire oublie d'être noire pour flirter avec l'ironie ou le grotesque ... Dès le début du roman, difficile de résister à la description du jeune Fred et de sa drôle de façon de s'exprimer, qui fait quelquefois défaillir sa mère...

Extrait : Un mot à la fois, c'était son style. De temps en temps, le mot qui sortait de ses lèvres correspondait vaguement à la situation du moment et, dans ces cas là, sa sœur se montait la tête, parce qu'elle interprétait ça comme un progrès. Même après vingt-deux ans, elle persistait à croire qu'il pouvait progresser. Un jour, alors qu'ils étaient dans un magasin de chaussures Thom Mc An, Fred avait dit pied et sa sœur avait tourné de l'œil.


Comment peut-on être sudiste ?
traduit de l'américain par Jean-Luc Fromental
un essai paru dans
GRANDS REPORTAGES spécial USA
mai 1997

De façon bien réelle, je suis l'incarnation de ces conséquences d'une naissance sudiste, un poncif sur pattes doué du souffle et de la parole, un cliché vivant. Je suis le cliché fermement enraciné dans le crâne des gens du reste de ce payas quand ils pensent à l'homme du Sud, le cliché qu'exploitent et rabâchent sans fin les médias. Je suis le cliché auquel devait penser H.L. Menchen (...) quand il dit que la seule contribution du sudiste à la culture est l'invention du Coca-cola, et que si la masse géologique au sud du Potomac venait à se détacher et à glisser dans la mer, l'humanité n'y perdrait pas un seul cerveau. Je suis ce cliché, voyez-vous, parce que je suis né d'un peuple de paysans appauvris, de fermiers de la terre rouge. Enfant, je n'ai jamais connu personne qui ait fini "high school", encore moins qui soit allé au collège. Les hommes qui m'ont élevé étaient réservés avec les inconnus, généreux jusqu'à l'absurde, courtois d'une façon rarement vue dans le monde, assez violents pour tuer à propos d'un chien courant ou d'une clôture, et au-dessus de tout, habités par la conviction que si les liens du sang ne commettaient pas pour rien, la famille était tout.

Découvrez sur ce site un autre roman d'Harry Crews : CAR

 

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