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WOLF

édité aux Etats-Unis en 1971
traduit par Marie-Hélène Dumas

Critique d'Alfred Eibel, Le Quotidien de Paris

Le loup des steppes de Fenimore Cooper, c'est Jim Harrison, lui seul, dans ce livre écrit en 1971, à l'âge de 34 ans. On y côtoie les grands buveurs avec qui il aime tanguer dans les bars, la rivière, la forêt, l'odeur des femmes, les espaces de John Ford.

Harrison nous tire à l'orée des bois - de la vie, là où les hommes s'exaltent, deviennent insensés. Au bout du compte, il y a le miracle d'une écriture vigoureuse : elle éclabousse le lecteur de mille vérités, de mille désastres, elle est d'une rare crudité, d'une rare tenue, d'un beau lyrisme, d'une transparence de lac de montagne.

Extrait

Wolf 10.18

Le continent  américain ressemblerait à l'Europe avant que ma vie ne prenne fin, et j'en étais désespéré. La simple odeur du profit nous ferait détruire toute beauté, il n'était plus question de sentiments. Il en avait été ainsi depuis le jour où nous avions débarqué sur cette terre, et rien ne nous arrêterait désormais. (...) J'envisageai de me tirer une balle dans la tête dès que je n'aurais plus rien à manger, mais reconnus immédiatement que je me racontais des histoires. Je serai encore là en l'an 2000, ne serait-ce que pour dire à mes petits-enfants que j'avais déjà raison en 1970. Le pays serait alors totalement dénaturé, on n'y trouverait plus la chaleur de la moindre porcherie, l'humanité d'un licou passé autour du cou d'une vache. (...) Mon père, pour qui préserver la nature était si important me l'avait dit vingt ans plus tôt, mais il avait fait de la nature son métier. Heureusement qu'il était mort en 1963, avant que l'étendue des dégâts ne se fasse évidente, avant que ne défile le char de carnaval des politiciens pétant et bêlant leur slogans stupides.

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