Off The Side


Traduction de "Jim Harrison's wild ride"
Article d'Alden Mudge paru en Novembre 2002 sur le site BOOK Page


Among the recurrent refrains that lend power and poignancy to writer Jim Harrison's magnificent literary memoir, Off to the Side, is the phrase "it could have been otherwise." More a question, really, than an assertion, the phrase is sometimes colored by regret and other times by amazement....

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OFF TO THE SIDE parait aux Etats Unis
à l'automne 2002

 

Parmi les refrains récurrents qui prêtent ce style puissant et poignant aux Mémoires de l’écrivain Jim Harrison, Off to the side, il y a cette simple phrase : "Cela n’aurait pu être autrement".

Plus une question qu’une affirmation, cette phrase est parfois teintée de regrets, et parfois de stupéfaction.

" Honnêtement, j’imaginais que cela aurait été plus amusant que ça, d’écrire mes mémoires ", nous dit J. Harrison depuis son ranch dans le Montana, où il s’est récemment installé, après avoir passé une soixantaine d’années dans le Nord Michigan.

Un jour, j’ai décrit dans un poème ce moment dans votre existence où vous auriez le courage d’admettre votre vie. Il y a eu des moments durs, comme vous le comprendrez probablement en lisant mes mémoires, spécialement dans les premières années de mon mariage. A ces moments là, je n’avais tout simplement pas la moindre idée de ce que je faisais, ni de la façon dont je pouvais arriver à me supporter.

La situation financière de Jim Harrison a changé du tout au tout avec la publication en 1978 de son superbe recueil : " Légendes d’automne ". David Lean a voulu adapter la nouvelle éponyme, et John Huston voulait aussi adapter l’une des autres nouvelles du recueil.

Harrison, qui, jusque là, avait du mal à subvenir aux besoins de sa femme, Linda, et leurs deux filles, gagna alors bien plus d’un million de dollars de revenus. Il n’était absolument pas préparé à cela.
" Ma vie prit brusquement la forme d' une sorte de tourbillon hystérique, que j’ai tenté de maîtriser par la consommation d’alcool et de cocaïne " , raconte J. Harrison
.

Harrison pense que c’est l'attachement à sa vocation de poète et écrivain qui l’a préservé des dérives. Quand on lui pose la question, il cite son ami de longue date, l’écrivain Thomas Mac Guane qui lui a dit : " Tu ne peux abandonner ou contrôler quoi que ce soit qui n’ait pas encore croisé ton chemin. Mais, quand tu l’as enfin rencontré, soit tu peux le contrôler, soit tu peux l’éliminer. Tu n’as pas réellement la liberté d’aller de l’avant parce que ça constitue l’essence même de ta vie. "

L’intensité du dévouement de Harrison dans ce qui constitue l’essence de sa vie –l’ écriture- est évidente à la fois dans ses travaux et dans son discours. " c’est une vocation religieuse, dans un sens, dit-il.  Ce cheminement a commencé alors que j’étais sur le toit de notre maison, en train de regarder un marécage, alors que j’avais 19 ans. J’écrivais déjà depuis plusieurs années, j’avais commencé vers 15 ans. Mais ce jour-là, sur le toit, j’ai dit mes vœux et reconnu ma vocation. "

Pour Harrison, une partie de ce que sa vocation lui demande, exige de lui d’avoir une intense curiosité à l’égard de la vie des gens, intime et sociale à la fois. "  il y a deux ans, j’ai demandé à un critique français pourquoi mes livres se vendaient si bien en France.  Il m’a répondu que dans mes romans, les personnages agissent et pensent en même temps. J’en étais estomaqué." dit-il.

Et il ajoute " j’ai lu beaucoup de Mémoires il y a deux ans, pour comprendre comment les gens s’y prenaient. Beaucoup d’entre eux sont plein de jérémiades. Ils font semblant que leur vie n’ait jamais eu aucun aspect philosophique, mental, ou spirituel, ils décrivent juste ce qui leur est arrivé. Je ne pourrais pas faire ça. "

Heureusement pour nous. Ce qui émerge de " Off to the side ", est un portrait à peu près aussi complet du Jim Harrison intérieur et extérieur qu’on peut espérer. Il écrit sur l’influence durable de ses parents et grands-parents et de leurs valeurs d’obstination scandinaves. "En dépit de plusieurs années de vie difficile, mon calvinisme essentiel me rendait impensable d’arriver en retard au travail, de rater un avion, de faillir à terminer une tâche qu’on m'avait confiée, de ne pas rembourser une dette, ou d’arriver en retard à un rendez-vous".

Il décrit la perte de la vision de son œil gauche à l’âge de sept ans quand une voisine lui enfonça un tesson de bouteille dans le visage. Il écrit sur la libération qu’il ressentit à voler de ses propres ailes, pendant l’été, entre ses années de fin de collège et le lycée ; de la confusion d’une carrière universitaire écourtée, de la mort de son père et de sœur dans un accident de voiture, et de son erreur à avoir regardé les photos des corps faites par la police. " Quand mon père et ma sœur sont morts, je me suis dit que si ceux que vous aimez pouvaient mourir comme ça, à quoi bon dissimuler quoi que ce soit ?" dit-il.

Avec perspicacité et humour, Harrison catalogue ses sept obsessions : l’alcool, le strip-tease, la chasse, la pêche (et les chiens), la religion, la France, la route, la nature, et les Indiens.

Il décrit ses expériences d’écriture pour le cinéma, une profession exercée autrefois, qui lui permettait d’écrire ses romans et sa poésie, et qui a conduit à des amitiés avec Jimmy Buffet, Harrison Ford et Jack Nicholson, entre autres.

Harrison, dit Jack Nicholson, " fut un bon professeur sur la façon d’appréhender la réalité. Il n’y a tout simplement aucun autre acteur ou actrice que je connaisse qui l’appréhende mieux et qui la maîtrise. Il ne passerait simplement jamais à la télévision. Il la considérerait comme l’ennemi. Elle vous vide complètement. La triste chose que l’on voit encore et encore est comment ces gens qui deviennent soudainement " célèbres " deviennent aussi vite usés et abandonnés. "

A ce moment de sa vie, Harrison n’a plus peur d’être utilisé lui même. " Je me suis retiré si loin de ce genre de vie " dit il. " Et " ajoute-t-il se référent à un roman sur lequel il a commencé de travailler, "j’ai quelque chose à écrire. "

Harrison dit qu’il a décidé d’intituler ses mémoires Off to the side " parce que c’est une position confortable pour un écrivain ". Dans toutes ses mémoires, il mentionne son désir de toujours se cacher, au moins métaphoriquement, dans les fourrés, d’être là où il peut regarder et voir sans être vu, il note aussi que " rien n’est moins intéressant…que l’écrivain dans une période productive. "

Mais dans la conversation, Harrison demande, "Avez vous jamais lu Rilke? Il dit que le cœur ne peut apprendre à battre qu’uniquement dans la course du rat. Donc j’imagine que je trouve l'équilibre entre ces antipodes :  me cacher dans ma cabane ou bien être quelque part –New York, Paris ou Hollywood. "

Il rit et ajoute, "Un ami écrivain qui a lu mes mémoires m’a demandé Comment arrives tu à faire tout ça ?  Et je lui ait dit que c’était par inadvertance. Je suis simplement conduit par mon menton."