LE GARCON QUI S'ENFUIT DANS LES BOIS

(Titre original : THE BOY WHO RAN TO THE WOODS)

Texte de Jim Harrison - Traduction de Brice Matthieussent
Illustrations de Tom Pohrt
Parution en France en septembre 2001

Seuil Jeunesse - Christian Bourgois Editeur

Une lecture de Jean-Marc Gomis : Trente pages. Un enchantement.
Un livre pour les enfants ? Oui...aussi...Mais surtout un livre pour les amoureux de Jim Harrison, qu'ils soient jeunes ou vieux.
Un  livre poétique où explose l'amour pour la nature et pour le savoir.

Le thème ? Comment un jeune enfant de sept ans dont l'œil vient d'être crevé, se terre pour ne pas être vu, devient un sauvageon et se réfugie dans les bois. Le spectacle de la nature l'émeut tant qu'il veut en savoir plus et apprend à lire pour comprendre le monde.

Vous aurez tous compris qu'il s'agit là d'une nouvelle autobiographique et que sans cet accident, Jim harrison ne serait peut-être pas devenu le grand auteur que nous connaissons aujourd'hui...
A lire et à relire...

Le résumé

Les forêts du Michigan, c'est là que tout commence, et que tout finit. C'est là que le petit Jimmy, 7 ans, ou bien le vieux Jim, plus de 60 ans, ne cessent de marcher, se terrer, se cacher, ou guetter... Leurs pas les amènent sur les berges des rivières ou des lacs, sous de vieilles souches où on peut lire les traces des animaux qui s'y sont réfugiés, ou le long des sentiers où on déchirent ses vêtements sur les buissons de mûres, toujours plus profond dans les bois.

Jimmy a sept ans. Il vit dans le Nord Michigan, dans un endroit entouré de champs, de forêts.

A l'école, il ne se fatigue pas trop. Ca ne l'enthousiasme pas d'apprendre à lire correctement, il préfère faire l'école buissonnière,  jouer aux billes, retrouver son copain David, ou Mary Jo la sauvageonne, ou encore profiter du cinéma du village qui change de programme chaque semaine. Son frère John est un peu plus vieux que lui, et comme beaucoup de grands frères, il aime lui raconter, pour l'effrayer, des histoires de fantômes ou de dragons. Il s'amuse à lui faire croire qu'en nageant très loin sur le lac, et en se méfiant des énormes tortues qui pourrait le croquer, en plongeant très profond,  il pourrait attraper un des canards "plongeons" qu'il aime tant parce que leur chant ressemble au hululement d'un esprit. Quand on est un petit garçon de 7 ans, on aime ces histoires un peu mystérieuses et effrayantes !

Pendant ce temps-là, c'est la guerre en Europe, et les oncles bien-aimés sont partis depuis tellement longtemps que le petit Jimmy est obligé de regarder leurs photos en uniformes pour se remémorer leur visage. Quand les oncles reviennent de la guerre, Jimmy a vécu l'accident qui modifiera le cours de son enfance, et peut-être celui de sa vie. Un jour qu'il se chamaille avec Mary Jo, son œil gauche est blessé dans la bagarre. Quelques mois d'hôpital loin de la maison, une douleur qui met très longtemps à disparaître. L'œil cicatrise pendant des mois. Pour l'aider à vivre cette période douloureuse, le père offre à Jimmy un jeune chien avec lequel le petit garçon commence à courir les bois. Et il devient un garçon sauvage et insoumis, de plus en plus secret, de plus en plus difficile, un "mauvais garçon". Un garçon qui court les bois, et qui y trouve une raison de guérir, d'apprendre à revivre malgré son œil blessé et son chagrin.

C.J.

Extrait

Un samedi de juin, de très bonne heure, au tout début des vacances scolaires, le père de Jimmy et ses oncles l'emmenèrent faire une promenade en voiture dans la forêt. Mais cette forêt n'avait rien à voir avec les petits bois situés en bordure de la ville : après qu'ils eurent quitté la route bitumée pour s'engager sur un étroit chemin de terre, il eut l'impression qu'ils roulèrent sur des kilomètres et des kilomètres avant d'atteindre un lac bleu foncé bordé de roseaux et de nénuphars. Pendant ce voyage, Jimmy crut qu'ils roulaient dans un tunnel obscur et enchanté qui aboutissait à une magnifique contrée nouvelle.

Son père et ses oncles se mirent à enfoncer des piquets sur une colline qui dominaient le lac, afin de décider où et comment ils allaient construire leur chalet. Son père se tourna vers Jimmy et lui lança en plaisantant : "Tu es un enfant sauvage et voici un bon endroit où être sauvage."

Jimmy ne savait pas par où commencer, mais lorsqu'il se trouvait en proie au doute, il courait toujours à fond de train, si bien qu'il se mit à courir.