THOMAS MC GUANENé en 1939 dans le Michigan


THOMAS MC GUANE
Né en 1939 dans le Michigan

Tom Mc Guane

"j'ai toujours regardé l'Ouest comme un astre en train de s'éteindre"

Portrait par Marc Chenetier





"Mc Guane habite à environ 2000 km du Michigan, dans le Montana... Pendant les années 70, Mc Guane a été surnommé Capitaine Barjot, à cause de la vie de bâton de chaise qu'il y a mené durant quelques temps, et souvent avec son complice Jim Harrison. Tom Mc Guane et Jim Harrison se sont rencontrés sur les bancs de l'université ... C'est Tom Mc Guane qui va conseiller à Jim Harrison, alité pendant un mois suite à une blessure à la colonne vertébrale, d'en profiter pour écrire un premier roman. Ce sera WOLF, qui est dédié à Thomas Mc Guane, et qui parait aux Etats Unis en 1971."

Extraits de Jim Harrison de A à W par Brice Matthieussent

Né dans le Michigan, d'une famille de catholiques irlandais de la Nouvelle Angleterre, il grandit à Grosse ïle. Puis il passe trois ans à la Yale Drama School et en 1968, publie son premier roman "Le club de Chasse". Avec l'argent que lui offre Hollywood en vue de son adaptation pour le cinéma, il part s'installer à Key West et poursuit sa carrière avec deux romans : Embuscade pour un piano et 33° degrés à l'ombre, qui figure sur la liste pour le National Book Award en 1973.

 

Mc Guane doit sans doute à son ascendance irlandaise ses galeries de forts en gueule, à sa succession de séjours en Floride, dans les Keys, et au Montana, des espaces toujours réexplorés et ses personnages hauts en couleur. Son monde est un monde viril de l'énergie et de la dépense ; au delà des avatars géographiques c'est l'Ouest mythique que ses héros poursuivent. Ses romans prolongent nombre de traditions américaines : nature tragique à la Hemingway, humour et dysepsie à la Mark Twain. Ses héros violents sont des bavards et des hâbleurs. Ils sont souvent cruels, un peu perdus, attachants, le langage de Mc Guane tente de faire saisir le contraste qui est au centre de son œuvre : la barbarie d'une civilisation matérialiste face aux beautés tragiques et passionnées d'une nature toute-puissante.

 

Extrait de l'article de Patrick Raynal
SUR LA ROUTE,
Grands Reportages (mai 1997)

Pour arriver chez Thomas Mc Guane, il faut quitter la 10 à Big Timber et passer le minuscule bureau de poste de Mc Leold. Après, c'est facile. Le ranch de Tom est simplement le plus beau du coin : un nombre d'hectares à rendre jaloux un département, une maison qui date du temps où le Montana n'était pas encore  un Etat, un élevage de chevaux réputé dans tout l'Ouest et un tennis aux normes de Forest Hill. Mc Guane est riche, talentueux et célèbre. Le genre de type qui, quoiqu'il fasse, traîne le succès dans son sillage. Après un flamboyuant passage dans le Key-West tumultueux des années 60-70, il arrête l'alcool et la drogue, s'achète un ranch, fait des affaires, remporte plusieurs grands championnats de rodéo, et devient riche sans jamais cesser d'écrire.

OEUVRES de Thomas McGuane

The Sporting Club
publié aux Etats-Unis en 1969

Le club de Chasse (C.Bourgois,1992)
Couverture 10.18

The Bushwhacked piano
publié aux Etats-Unis en 1971

Embuscade pour un piano (C.Bourgois,1990)

Ninety-two in the shade
publié aux Etats-Unis en 1973

33° à l'ombre (Denoël,1978)

Panama
publié aux Etats-Unis en 1978

Panama (C.Bourgois,1992)

Nobody's angel
publié aux Etats-Unis en 1982

L'ange de personne (Bourgois,1995)
Couverture 10.18

Something to be desired
publié aux Etats Unis en 1984

La source chaude (Bourgois,1994)
Couverture 10/18

To skin a cat
publié aux Etats-Unis en 1986

Comment plumer un pigeon (Bourgois,1990)

Keep the change
publié aux Etats-Unis en 1989

L'homme qui avait perdu son nom (Bourgois,1990)

Lien avec le Résumé de ce livre

An outside chance
publié aux Etats-Unis en 1990

...vous l’accompagnerez dans la foule des grands rodéos, dans les corrals et sur les pistes de motocross. Vous partirez aussi en excursion avec son pote Jim Harrison en plein mois de novembre, apprendrez comment faire dégeler vos chaussettes près du poêle et, point capital, quoi faire avec une corde et un bœuf : "Le maniement du lasso est-il la préoccupation première de l’humanité ? Ma réponse sera sans ambiguïtés : le lasso nous en apprend beaucoup sur les chevaux, le bétail et l’éternité".

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Outsider (Bourgois, 1996)

Couverture 10.18

Nothing but blue skies
publié aux Etats-Unis en 1992

Rien que du ciel bleu (Bourgois,1994)
Couverture 10.18

Barrel Fever Stories and Essays
(Little Brown & Company, 1998)

Some Horses
publié aux Etats-Unis en 1999

(à paraître en avril 2002 en France
au Cherche Midi éditeur)

Lien avec la page Some Horses

The Longest Silence : A life in fishing
publié aux Etats-Unis en 1999

(à paraître prochainement en France
chez Le Cherche Midi éditeur)

Une journée du monde par Thomas Mc Guane
traduction de Brice Matthieussent
Le 29 avril 1994, Mc Leod,

j'ai passé la journée sur mon ranch de Mc Leod, dans le Montana, avec ma femme Laurie et ma fille Annie. Le matin, j'ai travaillé à un roman que je ne comprends toujours pas ; ensemble, nous nous dirigeons vers une forme imaginaire qui appartient à l'avenir. Avant le départ d'Annie pour l'école, nous avons évoqué ses chances de succès dans une course de relais de 200 mètres à laquelle elle participerait l'après midi. En fin de matinée, des camions sont arrivés avec 193 génisses d'un an qui avaient passé l'hiver sur un pré de Park City, dans le Montana. Nous les avons installées dans nos corrals et séparées en trois groupes, avant de les répartir dans diverses pâtures avec les taureaux qui vont les féconder. Ce sont des bêtes Angus. Nous avons sellé nos chevaux pour rester avec les génisses et nous assurer qu'elles se calmaient et commençaient de manger. Je suis ensuite allé à Big Timber acheter une tonne de sel granulé et iodé, que j'ai rapporté au ranch et réparti parmi les bêtes dans des bassines en plastique. C'était une journée nuageuse, avec un brouillard bas qui stagnait sur le haut plateau couvert de sauge.

Après le déjeuner, j'ai lu Le chemin de fer céleste de Nathaniel Hawthorne et j'ai vainement essayé de me remettre au travail sur mon livre. J'ai aussi écrit quelques mots sur le peintre américain Charles Burthfield pour approfondir la connaissance que j'ai de lui. J'ai ensuite appelé mon fils et discuté de ses convictions sur les beautés respectives des couteaux et des motos. Puis, j'ai travaillé dans mon jardin. J'ai retiré les vieux tuteurs du carré de framboises, arraché les nouvelles pousses de mauvaise herbe en déterrant jusqu'au bout les longues racines blanches et fibreuses. J'ai recloué la clôture abattue par les chevreuils pendant l'hiver et j'ai réparé le manche de ma bêche avec du ruban adhésif. De mon jardin, j'apercevais une longue route de terre qui traversait les collines, et partait je ne sais où. Des antilopes paissaient sur ces collines. J'ai imaginé que Hawthorne arrivait vers moi en redingote noire, sur cette route, traversant le temps. Il tenait un miroir avec lequel il envoyait des signaux et pouvait s'admirer.

Au coucher du soleil, une lumière rouge sang est tombée sur les monts Absarokas. Assis sur ma véranda, j'ai senti le froid monter du fond de la rivière. Dans la direction où je m'étais imaginé Hawthorne. J'entendis le hurlement d'un coyote ; puis le silence, tandis que les étoiles apparaissaient au dessus de ma tête. J'écoutais la rivière quand les lumières se sont allumées dans la maison.

Publié dans "LES 30 ANS DU NOUVEL OBSERVATEUR"

 

Lire "Thomas Mc Guane : Figures de l'individu"
article de Jean-Christophe Millois
dans la Revue PRETEXTE


Lien avec site PRETEXTE

Et là aussi, c'est lui !

De Serge Blumenfeld, Les Inrockuptibles

De la tête brûlée abonnée des paradis artificiels sous le soleil de Key West au gentleman retiré dans le Montana, on a connu plusieurs Thomas Mc Guane. Au delà de ces chromos trop parfaites pour être honnêtes, il y a aussi un écrivain amateur de rodéo. Ses livres ruminent des questions mélancoliques sur une civilisation dont les gens deviennent tristes sans savoir pourquoi, entre l'atterrissage post-sixties et l'inexorable déclin de l'Ouest Américain.

D'André Clavel, l'Express

Tous ses romans orchestrent les mêmes naufrages, et pourtant l'horizon n'est jamais tout à fait noir. Dans 33° à l'ombre, un ex-junkie patibulaire s'embarque, au large de la Floride, à bord d'un rafiot qui lui donne soudain le goût de l'absolu. Dans Panama, une pop star déjantée va se refaire une santé du côté de Key West, sur les traces de Hemingway. Dans Embuscade pour un piano, un cinglé écume le pays à moto, de la Californie au Michigan, à la recherche d'un paradis perdu. Dans Rien que du ciel bleu, un ancien hippie se reconvertit dans l'élevage du bétail, avant de déchanter ; il brassera pas mal d'illusions - et de dollars - mais sa "vieille âme délabrée" finira par sombrer. Reste la magie des paysages, ces prairies idylliques, ces rochers cuivrés et ces rivières fracassantes où la pêche au saumon se pratique encore comme une chasse spirituelle.

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Extrait de LA SOURCE CHAUDE

Ils continuèrent ainsi jusqu'à un grand ovale marqué par des rochers sur le sol plat. Je suis sûr à quatre-vingt-dix-neuf pour cent que c'est ici que les Indiens attrapaient leurs oiseaux. Comme tant d'autres, Lucien avait toujours ressenti les grands échos de l'histoire achevée des Indiens -(des Indiens à pied, avec un chien et un cheval. Comment un pays pouvait-il produire des orateurs pendant des milliers d'années, puis une centaine d'années de ouais et de p'têt'ben ? Ca n'avait pas de sens. Ca n'avait pas de sens qu'on pleure les jours glorieux du vieux Sud tandis que tout cela avait disparu sans qu'on en parle. Peut-être que les ouais et les p'têt-ben représentaient une vraie commotion, un pays à jamais étrange, étrange comme il l'était aujourd'hui à un homme et à un garçon avec un oiseau en cage et un camouflage de fortune.

La pêche à la truite dans les eaux du roman

Mc Guane, le farfadet des cours d’eau est une truite cocaïnée, insaisissable, revenue de tout, mais pas sage pour autant. C’est l’anti-Tao, un conflit de deux consciences de l’Amérique, celle des origines, pionnière et enchantée comme une autre Brocéliande, et l’Amérique schizophrène de Billy Milligan, l’homme aux vingt-quatre personnalités...

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Lien avec le site du CHAT NOIR

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