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Cette page consacrée à la méditation, à la
pratique du Zen, fait référence à ce qu'est l'expérience de Jim Harrison depuis de
nombreuses années. Voici comment il définit le Zen dans un chapitre d'Entre
Chien et Loup : "Il y a quelque chose dans la nature ineffable du zen
qui pousse néanmoins les hommes à essayer de cerner cette essence dans leurs écrits.
Selon le préjugé le plus courant, il s'agirait simplement d'un nouveau truc de survie
mis à la disposition de l'homme moderne, d'un moyen de compréhension. Au delà du flirt
passager, le zen n'est pas très populaire, parce qu'il ne fournit aucun soutien. Pendant
le processus de découverte de sa vraie nature, on ne bénéficie d'aucun soutien, hormis
celui du Roshi qui se contente de rediriger la douleur liée à cette éclosion. Pour
l'étudiant, le zen est l'océan et il est le poisson ; correctement compris, il s'agit de
la conscience elle-même, sans la médiation des opinions, de l'espoir ou des dieux, avec
quelques rares préceptes laconiques (..) il s'agit seulement d'une mise en forme
philosophique de l'expérience".
Dalva
n'envisage pas explicitement de pratiquer la méditation. Pourtant, elle a parfois comme
un pressentiment de ce qu'est le zen. Ainsi en passant la journée entière dehors à la
recherche de la paix intérieure, après avoir perdu son bébé : Mais surtout
j'ai sombré dans une très longue période d'absence infiniment reposante, où j'avais
l'étrange sensation de comprendre la terre. Le grand-père de Dalva confie dans
journal, au début de La Route du Retour, qu'il a découvert très tard
le plaisir de rester assis sans penser à rien de précis. Quant à Naomi, adepte des
rêveries, et des discussions avec son mari défunt, le soir, assise sur la balancelle
devant sa maison, elle dit aimer rester assise au bord de son lit, à contempler le clair
de lune sans la moindre pensée, fascinée par les ombres tranchantes de la nuit.
Ted, l'un des trois "garçons", amant de Julip, fait l'essai de "se
mettre au zen". C'est une tentative qui chez lui frôle le ridicule alors qu'il tente
de se concentrer pour méditer, assis sur son coussin de velours, et se trémousse sans
arrêt. Par contre, Julip a une approche plus naturelle et spontanée
lorsqu'elle raconte qu'elle fait à peu près la même chose que Ted tous les jours à
l'aube, après une longue promenade avec ses chiens. Elle les oblige à rester tous assis
pendant presque une heure pour leur inculquer le sens de la discipline, parfaitement
silencieux, et alertes, les oreilles dressées, la truffe palpitante, les yeux fixés sur
elle, tous immobiles sous le pin blanc...
Claire
est le personnage de Jim Harrison qui s'initie explicitement à la méditation Zen , elle
fait cette remarque : la suffisance qui accompagnait la connaissance de soi la
dégoûta soudain.
Michaël,
lorsqu'il commence à se rétablir, à la fin du roman Dalva, a
conscience aussi du poids énorme que pèsent son "moi" et les lourds problèmes
qu'il lui pose : ma personnalité ne semble pas vraiment ébouissante quand je suis à
jeun, mais je commence à croire que ma personnalité n'a guère d'importance, du moins
sous la forme que je lui attribuais. Elle interfère sans aucun doute avec mon travail
actuel, car tant ce travail que ma personnalité paraissent vouloir à tout moment changer
de dimension, d'aspect, de limites. |