Campements


Campements solitaires et nocturnes

 

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Jim Harrison, victime à 7 ans de son accident à l'œil, a commencé à se réfugier dans la nature, son chien marchant à ses côtés, dans de grandes promenades. Le fourré, ou trou de panique, est "l'endroit où vous pouvez vous réfugier, quand votre vie est menacée, ou quand vous pouvez penser qu'elle l'est".

Dans la plupart de ses textes, la nature est vue comme un refuge où le héros retrouve son calme , se rassemble, reprend son souffle, et fait le point.

Dans l'essai "L'esprit du débutant, plaidoyer d'un amoureux des grands espaces", dont vous trouverez un extrait sur ce site, J. Harrison décrit ainsi un campement à la belle étoile :

Peacok, à l'inverse, est un campeur de l'extrême ; certaines années, il passe la moitié de ses nuits sous le regard des étoiles. Nous avions simplement deux sacs de couchage chacun, enfilés l'un dans l'autre, et portions des casquettes fourrées. Je venais de mariner dans les pires problèmes du scénariste hollywoodien, mais ils se sont tous évanouis devant les étoiles qui scintillaient à peine au dessus de la cime des arbres et des sycomores que le clair de lune arpentait au point de les métamorphoser continuellement, comme si leurs racines étaient des jambes souterraines. Notre seul vrai souci, c'était que l'huile d'olive gelait sur le pourtour de la poêle à frire et que le bordeaux n'était pas assez chambré entre nos mains gantées. Un puissant chorus jaillit de la gorge d'un chat sauvage tout proche, qui accueillit les odeurs inédites de l'ail et de la saucisse italienne avec une surprise tonitruante.

Dans la nouvelle "CHIEN BRUN"  il y a une pensée du héros à propos de ses marches nocturnes dans la nature, pendant des nuits glacées et venteuses, au milieu des bois, sous la lumière de la lune : en de telles circonstances, Chien Brun dit (et on peut penser qu'ici l'auteur parle par la bouche de son personnage) qu'il a appris, lors de ses marches, ce qu'il avait à savoir et à comprendre de la vie.

Mais tous les héros de Jim Harrison ne sont pas faits pour dormir à la belle étoile... Dans le roman "SORCIER", le héros passe une nuit effrayante sous le ciel étoilé. Il se perd dans la forêt et égare sa voiture (qui s'avérera au matin se trouver à quelques centaines de mètres de lui). Il a soif et n'ose boire l'eau du ruisseau, par peur d'être empoisonné, il n'a pas de lampe de poche (mais possède un revolver et un couteau qui ne lui seront bien sûr d'aucune utilité). En dehors de la soif qui le taraude, il va être effrayé par une chouette qui lui passe au dessus de la tête en le frôlant, par des coyotes   "il ne font que chanter, ils n'attaquent pas l'homme, dieu merci, tout de même ils pourraient aller chanter ailleurs..." Fanfaron, il pense pour se consoler de cette sale expérience : "Plus tard, il raconterait cela en prenant un air blasé : Une nuit en pleine forêt ? Oh ! ce n'est rien, ça fait partie du boulot !" Juste avant qu'une nouvelle frayeur ne l'envahisse : "Et des ours ? Une nouvelle frayeur lui gela l'épine dorsale. Les ours ! Les gros ours." Quand il s'endort enfin, c'est pour plonger dans des cauchemars effrayants et se réveiller en hurlant, la main trop près de son petit feu de camp : "Je déteste cette forêt de merde !..." Et soudain, alors qu'il se trouvait rassuré par la beauté du ciel étoilé... "Soudain, un long cri déchirant s'éleva dans la forêt. Les cheveux de Sorcier se dressèrent sur sa nuque et sa respiration se bloqua. Le cri se répéta et Sorcier retourna en courant près du feu, le revolver à la main."

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