La nature, dit Brice Matthieussent, est vue chez Jim Harrison comme le lieu de disparition progressive de la personnalité, une entité artificielle liée à la civilisation : le monde sauvage dissipe l'illusion de l'identité, il absorbe aussi ce poison.
Aucun équipement n'est aussi amical envers la terre que le pied humain ou le sabot du cheval. La marche rend au monde sa taille réelle. Une heure passée dans un bois de 40 arpents viendra à bout de la claustrophobie la plus tenace. La même heure passée dans le haut pays du Gray Ranch vous fera léviter. (extrait de L'esprit du débutant, plaidoyer d'un amoureux des grands espaces, in mensuel GEO) |
Dans ce souvenir d'enfance raconté par l'auteur dans "Entre chien et loup", on devine que son habitude de la marche et le réconfort qu'il y trouve sont arrivés tôt dans sa vie. Son père a construit un chalet au bord d'un lac, en 1946, Jim a alors 9 ans. Là...mes oncles revenaient à peine de leur service militaire effectué pendant la Seconde Guerre mondiale, ils m'emmenaient en promenade, me surnommaient Petit Castor... je me mis à marcher durant la journée ou la soirée. Je découvris que le crépuscule était un moment idéal pour marcher, et la nuit encore plus merveilleuse. Je marchais le long des cours d'eau, au bord d'une rivière, autour du lac, tandis que les voix des pêcheurs de perches portaient jusqu'au rivage....je longeais des rangées d'épis de maïs deux fois plus hauts que moi, je traversais des champs de blé, aboutissant souvent près d'un étang... je me glissais hors de la maison et je faisais cinq kilomètres à pied à travers champs...
Dans Dalva : Paul écrit un jour à Dalva : j'ai commencé à me promener à ton âge, tout simplement parce que la nature semblait absorber le poison qui était en moi.
Dans Dalva : Marcher pour réfléchir : Bien sûr, rien de plus banal qu'une jeune fille de 16 ans qui marche parmi les champs les rangées d'arbres et au bord des rivières en pensant à Dieu, à la sexualité, à l'amour, et au vide provoqué par l'absence du bébé.
Dans Dalva : Marcher pour noyer son chagrin, marcher pour apaiser sa colère : Tu vas bien demande Naomi. Je me débarrasse du bébé en marchant, ... quand le rythme de la marche s'est instauré et que je me suis sentie apaisée.
Dans La femme aux Lucioles : Marcher pour faire face à l'angoisse. D'habitude, elle marchait beaucoup car elle souffrait souvent de claustrophobie et la marche lui semblait agrandir le monde.