Les Ours


LES OURS
dans l'œuvre de Jim Harrison

 

Ourse et petits

Les ours décrits par John Muir (dans un chapitre d'Entre Chien et Loup de J.Harrison) : les ours sont faits de la même matière que nous, ils respirent les mêmes souffles, ils boivent aux mêmes sources, leur vie n'est ni longue, ni courte, ne connaît ni commencement ni fin. Pour eux, l'existence est sans limites, sans projets, elle est aussi ... des marques du temps, ces années sont dépourvues d'empreintes, de frontières, et d'une égale éternité.

 

Il n'y a pas si longtemps, raconte une histoire indienne, les ours étaient une espèce d'êtres à peine moins parfait que nos ancêtres. Ils parlaient, marchaient sur leurs pattes de derrière,et leurs pattes avant étaient habiles comme des mains. Pour se procurer des épouses, ils volaient en général les filles de notre peuple...

 

L'ours et l'homme ne sont pas des créatures si dissemblables que cela, quelquefois, ils ont même chez Jim Harrison une grande proximité. Dans "LA FEMME AUX LUCIOLES", Claire dans ses fourrés a bâti un abri qui ressemble à celui d'un ours dans la nature.... elle eut un aperçu distinct de son nid qui, dans la pâle lueur de l'aube, lui rappela un marécage proche de leur chalet où, disait son père, un ours dormait.

Claire a également le souvenir d'avoir eu, dans son enfance, alors qu'elle était très malade, la visite d'un ours bienveillant en rêve : Sa grand-mère entra avec un ours noir au bout d'une laisse rouge. Sa grand-mère ne dit rien, mais l'ours s'assit près de la malade et lui tint des propos apaisants ; avant de prendre congé, l'ours posa le chien en céramique de Claire sur sa table de nuit où il se trouvait lorsqu'elle se réveilla avec une grande aiguille enfoncée dans le bras par la perfusion. Il n'y avait plus personne dans sa chambre, mais elle crut discerner dans l'air l'odeur de l'ours.

Dans son enfance, Julip et son frère vécurent avec une jeune ourse une expérience terrible, alors que Julip avait 4 ans. Ils avaient attiré l'animal, le père lui déposant chaque jour sur un tronc des poissons qu'il avait pêchés : "l'ours rôdait autour de leur ferme du Wisconsin et le père de Julip attrapait des poissons et les déposait sur une souche pour que l'ours les mange. Tous postés sur la véranda de la ferme, ils le regardaient faire. Le plus beau, c'était quand l'ours sortait du ravin d'aulnes et tournait autour de la souche en se dandinant comme s'il dansait...

La mère de Julip était mécontente qu'un ours pû s'approcher d'aussi près de la maison... Est-ce elle qui fit tuer l'ours ? Un soir,  vers 10 heures du soir, l'ours venait manger ses poissons... il y eut des coups de feu... L'ours se traînait dans l'allée progressant rapidement grâce à la seule force de ses pattes avant et poussant un hurlement qui s'achevait en gargouillis avant que le même hurlement ne reprenne. ... Julip saisit la lampe torche et sortit sur la véranda en braquant le pinceau de lumière sur le visage de l'ours. La lumière rendait les yeux de l'ours aussi rouges que le sang qui sortait de sa gueule...L'ours rampa sous la véranda... son flanc ensanglanté couvert de terre...

Un poème "Mon amie l'Ourse", extrait du recueil "Théorie et pratique des rivières, dont voici quelques extraits : ...nous allons vers le nord et ses hurlements se font moins amicaux comme elle hume l'odeur de la forêt par-dessus celle de la route. Je la lâche là où je l'ai trouvée orpheline il y a 3 ans de cela, beuglant contre la carcasse morte de sa mère. Je la laisse aller, à l'extrémité de la ravine qui descend au marais se libérer par ses bonds de ses grognements et de ses grondements... un jour avant la saison de la chasse à l'ours elle reparaît à la cabane, effrayant les chiens dressés pour les oiseaux. Nous nous serrons très fort, oreille contre oreille son énorme tête sur mon épaule, son souffle comme celui de Dieu.

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