Pourquoi jécris ou non
Un essai de Jim Harrison
Traduction
d'Emmanuelle Allain
Un jour que je me trouvais devant le Metropolitan
Museum à New York, il y a plusieurs années, alors que je me sentais lessivé et
perplexe après avoir vu l'exposition GOYA , je suis littéralement rentré dans
un de mes vieux amis le poète Charles Simic, que je navais pas vu depuis
20 ans . Entre toutes les choses que nous évoquâmes alors, il
dit : " Je pensais que jaurais tout compris à mon âge, mais
non." et je crois que jai répondu : " Nous en savons beaucoup
mais pas tant que ça ."
Je ne dis pas que nous ayons laissé tomber notre
esprit rationnel, un esprit sur lequel nous pouvions à peine mettre le doigt, mais que,
avec lâge, le processus de mon propre art littéraire me semble infiniment plus
immuable et inexplicable. Par exemple, même les yeux fermés, des idées spécifiques
entraînent habituellement des images spécifiques. Lacte décrire ressemble
à un jeune homme qui laboure son champ de maïs, un jour de grande chaleur, duquel il
peut apercevoir soit un bosquet, soit, le plus souvent, une immense forêt, dans laquelle
il se trouverait mieux. Ceci nest pas compliqué, presque banal. Il doit labourer
son champ pour obtenir la permission datteindre sa forêt bien aimée. Cette image
peut aisément être assimilée à celle dun écrivain qui posséderait comme
patrimoine, 40 arpents de terre sur lesquels réinventer le monde. Il cultive ce monde,
mais alors, il trouvera toujours quelque chose de vaste et dinaccessible au delà de
son pouvoir, que ce soit la forêt, locéan ou bien très improbables 10 millions
habitants de New York ou Paris. Pendant quil laboure ou quil écrit, il va,
tourbillonnant vers le futur , à un train qui, avec lâge devient quasiment
incompréhensible. Il quitte une remorque pleine de livres, mais il signe réellement le
passage du temps en comptant les chiens de chasse quil aura laissés derrière lui.
Sa capacité de refus fait grandir le monde plus quelle ne le rétrécit, et pas une
seule réponse facile na survécu au déroulement des années.
Cest plus comique quattristant parce
que les attentes sont tellement immenses. Tout ce quon a lu na aucune
importance, quelque chose est resté derrière , que lon na pu combler. Tout
cela révèle un orgueil démesuré et, fréquemment, une once de stupidité.
Ma grande famille lit énormément, sinon avec
discernement, le cinéma de notre petite ville du nord du Michigan ne change
laffiche quune fois par semaine. Jai commencé avec les habituels
Horatio Alger, Zane Grey et lépave Hardy Boys, passant graduellement de la passion
de mon père pour les romans historiques reconnus, particulièrement ceux de Kenneth
Roberts, Harvey Allen et Walter Edmonds, à son goût, (il était agriculteur) pour Hamlin
Garland, Sherwood Enderson et Erskine Caldwell, pour suivre ensuite mes propres penchants,
qui trouveront parmi mes favoris à lâge de 19 ans, Dostoyevsky, Whitman, Yeats,
Kirkegaard, Joyce, Rimbaud, Apollinaire, Henry Miller et Faulkner. Une liste pareille
devrait tout aussi bien pousser une âme intelligente à "la
fermer ", mais alors une étrange arrogance vient toujours se placer en pectoral
sur larmure du jeune écrivain. A ce stade, lhumilité est une entrave que
lon peine à soffrir. Le seul carburant que lego reçoit vient de
lintérieur . On peut choisir de se promener dehors sous un ouragan, se cacher
en répétant " Non serviam " alors que personne ne nous a rien
demandé et que personne ne nous cherche, encore moins ceux que nous avons offensés avec
nos opinions politiques .
A part quelques incursions à New York, Boston et
San Francisco, mon travail est tourné principalement vers la vie rurale et la nature. Je
dois admettre que je ne vois aucune vertu particulière à cela. Nous collons simplement
plutôt à ce que nous connaissons et Peter Matthieussen, avec sa préoccupation
obsessionnelle de la nature, séquilibre agréablement avec les penchants plus
citadins de James Salter et Don DeLillo. Cest tout l art de la prose et
de la construction que je recherche, pas une quelconque sagesse cryptogame. Les bons
écrivains semblent savoir quils sont perpétuellement inconsolables.
Cest le mystère de la personnalité qui me
saisit, cest linfinie variété du comportement humain qui fait un pied de nez
aux psychologies populaires Même nos rêves semblent vouloir créer de nouveaux
personnages, aussi sûrement que nous le faisons dans nos fictions et la création de nos
propres personnalités est le plus souvent un événement fictif. Quand je crée un
environnement pour certains de mes personnages, je me retrouve souvent moi même en train
den créer un pour mon âme propre. La perception de la réalité grandit
jusquà accroître les perceptions de toutes les créatures. Cest une lutte
quotidienne contre laccoutumance et le conditionnement qui nous ligotent et nous
étouffent , détruisant les perceptions fascinantes qui caractérisent lécriture
la meilleure. On va ainsi de lavant avec lillusion obstinée que personne
na encore décrit le monde, ou nous navons pas besoin dexister, et on ne
se lasse jamais du goût doux amer de lautodestruction du comportement humain.
Mis à part bien sûr la lassitude que provoque
notre comportement collectif, et politique et économique, lhystérie moraliste nous
submerge couramment. Au mois de mai dernier, lors dune interview en France, je me
suis retrouvé en train de dire , sans la moindre hésitation, que nous étions en train
de devenir un Disneyland fasciste. Ca sinsinue dans notre littérature et notre
poésie sous la forme dun renouveau de lère victorienne, dans lequel une
écurante bonne foi est érigée au rang de plus haute vertu. Jusquà un
certain point, je pensais simplement que cétait la voie que lacadémie avait
choisie pour soumettre la littérature sérieuse et la poésie, mais aujourdhui, il
semblerait que lacadémie et les petits journaux soient les seules barrières contre
une profession totalement guidée parle marché, en dépit des autres imperfections
évidentes de la M F A, au schéma pyramidal, qui engendre tristement des espérances
médiocres et de grandes déceptions.
Lambiance nationale qui affecte notre travail
est naturellement plus compliquée. Une anthropologue anglaise, Mary Douglas, dit que
" Plus la société est investie par le pouvoir, plus elle méprise les
processus biologiques sur lesquels elle repose " . Chaque année, nous
ressemblons plus à lEurope, avec une rigidité culturelle qui est typique dans une
population grandissante, qui a doublé depuis ma naissance. Autrement dit, le noyau
primaire de nos vies, les aspects privés de nos existences, nos vies, nos amours et nos
morts, les rituels que nous avons conçus pour charpenter notre existence depuis des
millénaires ne peuvent plus tenir debout et de fait, seffondrent, sous la
couverture dégoulinante des médias, que ce soit la télévision ou Internet. Cest
la vision sobrement comique de ce mixeur culturel qui marche au carburant des médias,
croissant en taille et en pouvoir, jusquà ce quil ny ait plus que lui.
Un mixeur aussi grand que lOhio, qui vomit les ordures, les piaillements et la
pagaille qui nous sont familiers.
LArt est embrouillé et étouffé par le
marché de lArt, la littérature est perçue comme une arme pour publier plutôt que
linverse. On voit des animaux dans les zoos, dans les zoos de nos vies .
Certains écologistes nazis semblent penser que tous les animaux encore à létat
sauvage, particulièrement les loups et les grizzlis, ont tous besoin de gadgets
télémétriques. Comme la politique, cet ulcère va prospérer. La majorité de notre
population, qui mange du buf, du porc et du poulet, na jamais connu une
véritable vache, un cochon ou une poule. Comme nos parents nous lont dit, les temps
changent, mais ils ne changent pas notre fascination pour les couleurs de labsurde.
Nous peignons nos vies comme nous écrivons notre
travail, et cela me rappelle une déclaration de W. Whitman qui dit que
" le poète doit enfoncer violemment le rire dans la gorge de la
mort ". Jai toujours eu, en quelque sorte, une obsession enfantine pour
les bosquets et je suppose que cela se voit dans mon travail. Jaime trouver une
densité particulière dans la littérature et la poésie, car jai le sentiment que
ce que lon perçoit de prime abord est presque toujours sans valeur. Je me suis
souvent demandé si cette obsession quelque peu " pléistocène " des
bosquets, des resserres et des tanières avait pu trouver son origine dans le traumatisme,
subi dans mon enfance, lorsque jai perdu la vision dun de mes yeux, et puis
après ? Cette explication nest quune épave. Tout cela est si
merveilleusement hasardeux, accidentel, tout comme depuis ma jeunesse, des centaines de
personnes pensent que je ressemble à un indien , bien que ces gènes ne semblent pas
être présents dans ma famille. Nous avons choisi dêtre des parias et eux non,
donc lidentification est inappropriée. On peut aussi soupçonner que la quête
forcenée dune identité, est la cause de cette véritable maladie quest la
xénophobie . Depuis que presque tout le monde est déplacé, et ceci inclue la
diaspora des écrivains de notre courant critique, lentassement, léloge et la
défense des territoires, cette forme inutile de régionalisme est, si possible, encore
plus absurde. Bien sûr, nos rages littéraires, aussi bien que nos lubies, nos épreuves
et nos querelles, ne vieillissent pas mieux que le Beaujolais ou que les
" blancs de poulet sans peau ni os " , qui constituent manifestement
la principale nourriture de notre époque. Métaphoriquement parlant, les écrivains
feraient mieux de manger des anus déléphants , mitonnés 33 heures avec des
piments, comme ceux que jai partagés avec dautres, en Tanzanie, en 1973.
Jai pensé longtemps que jétais en
train de devenir un quadra schizophrène a cause de lécriture de poésie, fictions,
essais et scénarios, mais nenseignant plus, jai pu gagner ma vie grâce à
ces différentes formes de littérature. Nous ne serions rien sans les bon professeurs de
notre vie, mais je nai jamais été dhumeur à enseigner depuis que les
universités sont localisée dans des endroits ou je ne puis survivre à la
claustrophobie, que jai ressentie toute ma vie.
La poésie vient quand elle veut et je nai
jamais eu la moindre idée sur la façon de la faire apparaître.
Qui sait ce qui provoque louverture ou la
fermeture de la porte .
Il y a toujours eu parmi les poètes , pendant les
périodes "ramollies" une tendance a limiter eux - mêmes leurs meilleurs
efforts, mais cela apparaît désagréablement évident à leurs lecteurs. Cest un
peu comme essayer de susciter un fantasme sexuel convainquant et se trouver interrompu (
en si bon chemin
) par votre mère qui téléphone pour savoir pourquoi vous êtes
toujours un "saltimbanque" à 59 ans passés
La muse actuelle est la moins civile des femmes que
la terre aie jamais portée. Elle préfère coucher avec vous lorsque vous figurez une
rivière plutôt quun torrent de boue.
Jai écrit ma première série de nouvelles
à la fin des années 70 et jai eu quelques difficultés à les faire publier car
personne à lépoque nen écrivait de telles.
Mes propres modèles dans la recherche dune
forme immédiatement accessible étaient Isak Dinesen et Katerine Anne Poter. Je nai
jamais été capable décrire une histoire courte, ce qui me rendait un peu nerveux
puisque les magazines littéraires jacassaient que cétait lère des histoire
courtes. Je devins moins nerveux quand il mapparut que ces magazines tous
identiques- ne pouvaient pas publier des nouvelles ou des romans, bien que le New Yorker
ait publié ma " Femme aux lucioles " et que Esquire ait imprimé
" Légendes dautomne " dans son intégralité. Un éditeur qui
me refusa suggéra que jétoffe ces 100 pauvres pages jusquà en avoir 500 et
qualors nous tiendrions un best seller ; cela lui importait peu que cette
nouvelle se soit vendue plutôt bien pendant 20 ans. Les éditeurs pleurnichent
naturellement de la même manière que les drogués , les hommes politiques et les
vendeurs de voitures, pour obtenir une gratification immédiate. Aujourdhui,
écrasés par la domination des chaînes de librairies corporatistes, ils doivent ramer
sacrément.
Les romans semblent prendre soins deux -
mêmes , si vous leur donnez suffisamment de temps. Je nen ai jamais écrit un seul
avant dy avoir réfléchi pendant des années. Cest probablement une étrange
méthode mais je ne peux fonctionner autrement.. Jai récemment effectué des
recherches pendant une année entière , pour la deuxième partie dun roman où
jai finalement utilisé très peu du produit de mes recherches.
Cest ce que lindustrie du cinéma
appelle justement " le fond de lhistoire ", sans lequel il est
difficile de procéder. Si le personnage féminin a 37 ans , vous devez malgré tout
comprendre la naturelle de son caractère lorsquelle était enfant, même si vous
navez aucune intention de vous en servir.
Jai aussi écrit plus de scénarios que je
naurais du, mais jétais fasciné par les films depuis mon enfance. Je dois
reconnaître que cette fascination na jamais été reconnue dans le courant de
pensée prépondérant, ce qui ma posé des problèmes lorsque je me suis mis à
chercher du travail. Je doute quil y ait proportionnellement plus de romans de
premier plan que de bons films dans une année donnée, mais lorsquon sait le
mépris quéprouve lintelligentsia pour Hollywood, ce nest pas une idée
acceptable pour elle. Jadmets que le cynisme et la perfidie présents à Hollywood,
égalent ceux quon trouve sur " Capitoll Hill " et sont
sans doute équivalents à ceux en vigueur dans le milieu de lédition litteraire.
Jai aussi remarqué et cest une évidence, quune part de laversion
générale pour Hollywood nest quune forme voilée
dantisémitisme . Etant issu dun mélange de Suédois, Irlandais et
anglais, je peux le dire sans paranoïa.
Je suppose que le principal problème en matière
décriture cinématographique, est que vous êtes séparé du réalisateur potentiel
pendant longtemps et ce, après une longue série de brouillons. si celui ci est un
réalisateur convenable depuis le début de lhistoire.
Un autre problème important est que les jeunes
diplômés décoles de cinéma sont diablement loin de la variété des expériences
humaines et privilégient la technique cinématographique. En dépit des efforts
déployés dans certains films très brillants, il y a un effort collectif et impitoyable
pour plomber lhistoire. il y a aussi de la part des producteurs du film, la
recherche frénétique dune ligne scénaristique sur laquelle on puisse
sappuyer( une formule qui assurerait le succès commercial du film) et qui donne
inévitablement de tristes résultats.
Du côté
des " plus " malgré les jérémiades, il y a toujours eu
plus doxygène dans lOuest, même Bill Gates, naurait pas si bien
réussi dans le Connecticut ou à Gotham ( New York). Même si vous êtes impliqué de
façon aussi périphérique que moi même dans le business du cinéma, vous devez avoir le
goût de la folie, de la vulgarité, du danger, des déceptions cruelles, des
débordements de beauté, aimer se faire virer encore et encore et les rémunérations
substantielles. Cest sans doute un ascenseur bien branlant pour sélever au
dessus de la masse, mais je le préfère à une vie dintense domesticité. Yeats
avait lhabitude de dire que la terre tuait plus de poètes que lalcool.
Jai eu dernièrement le sentiment
désagréable que malgré mon âpre volonté calviniste, javais beaucoup moins
contrôlé la trajectoire de mon existence que je ne lavais envisagé. Je suppose
que cest à cause de la nature semi religieuse de la période originelle de ma
vocation. Sans vouloir entrer dans des considérations anthropologiques, le début de
cette vocation, alors que jétais dans ma prime adolescence, fut pour moi comme une
attaque. Jai brutalement abandonné la religion organisée et je soupçonne toute
cette ferveur, somme toute hormonale, de sêtre peu à peu transformée en ce qui
constitue toujours lopinion que jai sur lart, en général que ce soit
la peinture, la musique, la poésie, la sculpture ou la littérature. Keats et Modigliani
semblaient dexcellents modèles pour une vie ! Le fait quaucun deux
nait vécu longtemps est une considération insignifiante aux yeux dun
adolescent.Si vous passez des heures et des heures à écouter Stravinsky en lisant
Rimbaud ou Joyce, vous encouragez un destin qui échappe inévitablement au contrôle
immédiat. Si vous relisez tout Dostoïevsky dans une chambre à 7 dollars la semaine, sur
Grove Street à New York, avec seulement un filet dair venu de la fenêtre et si
vous avez 19 ans, alors vous changerez sans cesse la nature de votre esprit. Dans votre
propre pièce de théâtre, vous construisez un esprit intraitable et sauvage avec lequel
vous devrez vivre.
Bien sûr, en termes géologiques, nous possédons
tous la même mesure dimmortalité. Le battement de votre propre cur, que vous
percevez occasionnellement en vous tournant dans votre lit, en une position crispée, ce
battement ne dure pas si longtemps. Le bruit que votre livre pourrait faire est tristement
fugitif et la prétention vous emporte invariablement, comme une ancre. Dans
limmédiate histoire littéraire, disons les 50 dernières années, si on lit la
liste des prix et que lon se souvient des réputations les plus boursouflées, on
saperçoit que les plus énormes célébrités sont écrites sur du vent.
Les nouveaux magazines sévertuent à
surnommer Faulkner " le vieux monsieur bouseux ". Lorsque
jétais jeune on le préférait, et de loin, à James Gould Cozzens. Ce qui advient
finalement de notre travail ne nous concerne pas. Y penser, donne à notre âme des
crampes qui ressemblent à une dysenterie amibienne. Au cours des années, le courrier
ma apporté des milliers de manuscrits, dépreuves dimprimerie et de
lettres envoyées par de jeunes écrivains. On peut se laisser submerger par le papier
mais, plus dangereux encore, est limpression dégoûtante quapporte le
sentiment dêtre exploité. Je ne peux donner dautres conseils que recommander
lusage de quantité dail et de vin rouge. Tout ce que je peux dire ,
cest : " Nécrivez pas tant que vous navez pas la
volonté dabandonner le reste de votre vie ". En dépit du potentiel
humain pour le mouvement, il reste peu de place pour autre chose. Et Einstein était dans
le vrai quand il disait quil navait aucune admiration pour les scientifiques
qui choisissent de fines planches pour faire des trous dedans. On devrait toujours
souhaiter que son travail soit meilleur que ses capacités car demander moins à soi même
est une forme de SIDA artistique.
Et je préférerais mégarer du côté de
ceux qui créent les humains plus grands quils ne sont, plutôt que plus petits. On
rencontre ce penchant pleurnichard à enlever le pansement en oubliant quun corps
est bien plus que lensemble des ses blessures. Dans toute culture, lart et la
littérature semblent terriblement fragiles mais nous devrions nous souvenir quils
ont survécu à toutes les cultures. Dans une ère dextraordinaire vénalité comme
la nôtre, alors que le gouvernement nest quun agent commercial, les artistes
croulent sous lénorme mépris généralisé, comme si chaque âme devait servir de
fourrage à la cupidité ? Mais, bien sûr, nous sommes issus de la nature nous aussi
et , historiquement, lart et le littérature sont aussi naturels que la migration
des oiseaux ou linévitable collision entre lamour et la mort.